Cours généraux
Lundi 9 h -10 h 30
De la molécule au cristal Robert CARLES
Ce cours est une introduction à l’étude dynamique des systèmes matériels (dynamique des
électrons et des atomes) en vue de donner les éléments nécessaires à la compréhension des
interactions de ces systèmes avec un rayonnement électromagnétique, et par la suite des
principes de base des spectroscopies optiques. Le point de vue adopté a pour objectif de
permettre un passage continu de l’approche du « chimiste » (molécule diatomique, polyatomique) à
celle du « physicien » (solide cristallin ou désordonné) en passant par celle du « nanologue » »
(agrégat, nanostructure, polymère….). A partir de systèmes très simples, sera mis en exergue la
dualité de l’approche classique/quantique et l’apport des considérations de symétrie.
Lundi 10 h 45 - 12 h 00
Introduction à la diffusion Raman et Brillouin de la lumière Bernard HEHLEN
Une introduction à la théorie de la réponse linéaire nous permettra dans un premier temps de
définir les notions de susceptibilité, de spectre des fluctuations, de fonction d’autocorrélation,…
et de relier ces grandeurs à travers le théorème de fluctuation-dissipation. Nous
déterminerons ensuite l’origine de la diffusion de la lumière et calculerons l’intensité Raman et
Brillouin diffusée dans le cadre d’une théorie macroscopique (classique). Ces calculs feront
apparaitre des règles de sélection qui seront mises en pratique à travers quelques exemples
simples pris parmi les solides cristallins et les liquides.
Lundi 14 h -15 h 30
Introduction à la spectroscopie FTIR Thierry TASSAING
Après une brève introduction au principe de la spectroscopie infrarouge, nous donnerons des
détails sur les instruments FTIR (Source, détecteur, interféromètre de Michelson, paramètres
d’acquisition, tests de performance) et les différentes méthodes d’échantillonnage (transmission,
réflexion diffuse et réflexion totale atténuée, microscopie) pour l’analyse des liquides, gaz et
solides.
Lundi 15 h 30 – 17 h 00
Spectroscopie NIR Jean GUILMENT
La spectroscopie proche infrarouge (NIR) a un positionnement particulier parmi les techniques
de spectroscopie vibrationnelle car elle s’intéresse aux harmoniques et combinaisons des
vibrations fondamentales observées en IR et Raman. Elle a l’avantage de contenir toutes les
informations structurales observées dans les modes fondamentaux tout en gardant une facilité
d’acquisition des spectres exceptionnelle. La difficulté de la technique est parfois d’en extraire
toute l’information et nécessite l’utilisation de techniques chimiométriques qui seront
développées dans une autre intervention. Les différents avantages et inconvénients de la
technique NIR seront développés à l’aide d’exemples concrets.
Lundi 17 h 20 – 18 h 50
Le processus Raman Bernard HUMBERT
Ce cours survolera les bases des processus de diffusion inélastique, en particulier le processus
Raman, de la lumière par des molécules isolées ou des phonons dans des phases solides. Un rappel
des règles de sélection sera donné et les schémas d'interactions photon-molécule de type
Feynman seront discutés pour qualitativement comprendre les phénomènes et en particulier bien
appréhender les notions de polarisabilité électronique nécessaire au processus de diffusion. Enfin
un lien avec la symétrie et la théorie des groupes sera ouvert.
Mardi 8 h 30 – 9 h 30
La spectroscopie Raman Résonante et autres exaltations Bernard HUMBERT
Ce cours fondé sur les autres enseignements de bases et d'introduction s'intéressera aux
processus de diffusion inélastique de la lumière Raman par des molécules isolées ou des systèmes
solides où les écarts entre niveaux électroniques sont proches des énergies utilisées soit à
l'excitation soit à la diffusion : le Raman Résonant. Des exemples seront pris notamment sur des
molécules type colorants ou sur des matériaux carbonés où les transitions électroniques sont bien
identifiées expérimentalement. Sur cette base nous discuterons des processus d'exaltation
possibles en champ proche optique sans effet de transfert de charge, que l'on peut générer avec
des nano-structures métalliques (lien avec le SERS ou le TERS).
Mardi 9 h 30 -11 h 00
L’instrumentation Patrice BOURSON
C’est certainement dans ce secteur que les plus grands progrès ont été réalisés durant ces
dernières années comme par exemple dans des lasers de plus en plus puissants mais aussi de
moins en moins chers. Nous donnerons dans cet exposé un panel des innovations technologiques
de ces dernières années et ceci tout au long de la chaîne de mesure (du laser au détecteur) mais
aussi sur quelques techniques innovantes comme le SORS mais aussi en termes de spectromètres
transportables.
Mardi 11 h 15 -12 h 30
La chimiométrie Sylvie ROUSSEL & Ludovic DUPONCHEL
Ce cours est une introduction aux traitements multivariés des données spectrales rencontrés en
chimiométrie. Nous aborderons successivement les méthodes d’exploration des données (PCA),
les méthodes de classification non supervisée (CAH, k-means) et supervisées (LDA, SIMCA, PLSDA),
les méthodes de régression (MLR, PCR, PLS) et la résolution multivariée de courbes (MCRALS…).
Cet ensemble de méthodes constituera une boite à outils complète vous permettant
d’appréhender de nombreuses problématiques en analyse de données spectrales.
Vendredi 8 h 30 – 9 h 45
Nanomonde Robert CARLES
Ce cours est focalisé sur l’étude par spectroscopies optiques des systèmes matériels que sont les
« gros agrégats organisés d’atomes » ou « les petits solides », et communément qualifiés de nanoobjets.
La nécessité d’amplifier les signaux issus d’aussi petits volumes (amplification optique,
résonance électronique), de revoir la description physique de ces objets (fort rapport surface
sur volume ; effets de taille, de forme et d’environnement), de développer des sondes adaptées
(effets d’exaltation et de localisation), et de répondre à des besoins applicatifs (santé,
environnement, énergie) sera présentée. Les exemples seront choisis en complément de cours
précédents, qui auront déjà abordés ces différents thèmes.
Vendredi 10 h 00 – 11 h 00
Imagerie Raman – Principes et quelques exemples d’utilisation
Michel MERMOUX
Sous microscope, la spectrométrie Raman permet de caractériser un matériau à l’échelle du
micron, et ce sous pratiquement sous n’importe quel environnement. Grâce au développement de
multidétecteurs très sensibles, cette technique est maintenant un outil courant de
caractérisation des solides, au même titre que la diffraction X ou la microscopie électronique, en
offrant l’avantage de pouvoir analyser de très faibles quantités de matière, des « surfaces »
(imagerie Raman), et même d’explorer le volume de matériaux transparents (spectroscopie Raman
confocale) en conservant une résolution axiale de quelques microns. Aujourd’hui, les installations
de spectroscopie Raman ne sont plus uniquement limitées à l’obtention de spectres individuels
mais permettent aussi d’obtenir des cartes ou des images en deux ou en trois dimensions. Ces
images apportent bien entendu des informations chimiques et structurales (natures des phases,
…), mais aussi des informations sur des grandeurs mécaniques (champs de déformations),
électroniques (nature et densité de porteurs, mobilité), … Au cours de cette présentation, nous
illustrerons les apports et limitations de ces méthodes lors de l’analyse de différents matériaux,
de différentes surfaces.
Vendredi 11 h 10 – 12 h 00
Micro-imagerie infrarouge : Développement et applications aux systèmes
biologiques complexes. Ganesh Sockalingum.
Depuis une dizaine d’années, l’évolution technologique dans le domaine du moyen-IR (~ 2,5 – 25
μm) met à disposition des imageurs couplant l’équivalent d’un microscope avec la puissance
d’investigation d’un spectrophotomètre. Ainsi, plusieurs détecteurs matriciels basés sur la
technologie MCT ont été rendus accessibles à la recherche avec différents formats (8x2, 16x2,
64x64 et 128x128 pixels). Dans le cas de la micro-spectroscopie, une cartographie est réalisée
par déplacement micrométrique de l’échantillon sous un microscope avec une prise de spectre en
chaque point de l’image. Ce processus est très chronophage, manque de résolution spatiale et
n’est donc pas adaptable au domaine biomédical. Dans le cas d’un imageur photonique, une zone (et
non un point) de l’échantillon est analysée simultanément, rendant la technique plus rapide. La
résolution spatiale pour un éclairage en champ large est dans ce cas exprimée en μm/pixel et
dépendra du détecteur et de l’objectif utilisé. Chaque pixel contient un spectre entier et un cube
de données contenant l’information spatiale et spectrale est obtenu (image hyperspectrale). Cela
conduit à collecter un très grand nombre de données qu’il faut ensuite traiter pour en extraire
une information pertinente. La mise en oeuvre requiert néanmoins, entre autres savoirs, une
pratique de l’analyse multivariée ou de la chimiométrie. Il est alors possible de visualiser de façon
synthétique la distribution des composants (bio)chimiques. L’imagerie hyperspectrale complète
ainsi la panoplie des techniques analytiques de procédé (les « PAT », Process Analytical
Technology). Dans le domaine biomédical, l’imagerie spectrale a été développée pour l’analyse des
cellules et des tissus biologiques. L’information spectrale obtenue est très complexe car des
milliers de molécules absorbent. Dans ce cas, le traitement des images spectrales est d’autant
plus important. L’analyse multivariée est utilisée pour rechercher des « marqueurs
spectroscopiques » qui peuvent être une combinaison de fréquences de vibration ou un profil
spectral qui change. Ainsi, depuis quelques années, les concepts de « cytologie spectrale » et de
« histolologie spectrale » ont été mis en avant basés sur ces marqueurs spectroscopiques.
L’imagerie IR appliquée aux systèmes biologiques complexes représente l’avantage d’être non
destructive, sans marquage et peut révéler de façon précoce des informations moléculaires liées
à l’apparition d’une pathologie bien avant les modifications morphologiques. Des exemples
d’application au niveau cellulaire et tissulaire (en modes transmission et imagerie ATR) seront
montrés. Avec le développement des lasers à cascade quantique (QCL), l’imagerie IR gagnera plus
de rapidité et deviendra un outil très intéressant et prometteur pour le diagnostic/pronostic
d’une pathologie.
Vendredi 12 h 00 – 12 h 45
Un exemple d’application industrielle : Caractérisation de copolymères
Ethylène Acétate de Vinyle (EVA) par spectroscopie vibrationnelle
Perrine DUBUC – Jean GUILMENT
La mesure du taux massique d’acétate de vinyle dans les copolymères Ethylène/Acétate de vinyle
(EVA) est très importante pour le suivi de la production. Ce dosage s’effectue, aujourd’hui, par
spectrométrie infrarouge selon la norme ISO 8985 de 1998. Les résultats obtenus sont
satisfaisants mais la méthode décrite dans la norme souffre d’un certain nombre de limitations
inhérentes à la démarche employée.
Dans le cadre de ce travail, nous avons recherché des pistes d’amélioration à partir de la norme
(régression du second degré, utilisation de PLS, …) mais nous avons aussi évalué la possibilité
d’utiliser la spectroscopie proche-infrarouge pour réaliser le dosage. L’intérêt de cette technique
est de pouvoir effectuer la mesure sur les granulés sans préparation, et ainsi de mesurer
directement sur les chaines de production. Il est en plus possible de mesurer certaines
propriétés des produits qui ne sont pas atteignables à partir de la spectroscopie IR.
Travaux Pratiques
Chimiométrie Sylvie ROUSSEL & Ludovic DUPONCHEL
Cette séance de travaux pratiques sera l’occasion de manipuler les principaux outils de la
chimiométrie. Une version d’évaluation du logiciel USCRAMBLER vous sera fournie sur place. Vous
devrez ainsi l’installer sur votre ordinateur (aucun matériel informatique n’étant prévu par
l’organisation). Sur la base de jeu de données spectrales mis à disposition, nous aborderons les
méthodes suivantes :
‐ prétraitements des données spectrales,
‐ méthodes exploratoires : PCA,…
‐ méthodes de clustering : K-means, HCA, …
‐ méthodes de régression : PLS
‐ méthodes de résolution multivariée : MCR-ALS
Initiation aux instruments IR, NIR et Raman
J. GUILMENT, G. GUIMBRETIERE, G. SIMON, C. MARTINET
Exposés spécialisés & focus
Capteurs répartis de température et de déformation à fibres optiques :
utilisation des effets Raman et Brillouin Bernard CHAMPAGNON
Un capteur réparti à fibres optique est un capteur capable d’effectuer des mesures réparties
sur toute la longueur de la fibre. Les capteurs répartis utilisant l’effet Raman sont basés sur le
rapport des intensités Stokes et anti-Stokes lié à la température ; ceux utilisant l’effet Brillouin
mesurent les déplacements des raies Brillouin sous l’influence de contraintes ou de variations de
température. Ces capteurs permettent des mesures sur plusieurs dizaines de km avec une très
bonne précision et avec excellent résolution spatiale. Ils sont utilisés pour surveiller des digues,
des barrages, des réacteurs nucléaires ou des structures d’avion… L’exposé présentera le
principe des mesures en précisant les ordres de grandeurs accessibles avec les appareils
industriels actuels et donnera quelques exemples d’application.
Haute résolution en phase gazeuse - Applications atmosphériques &
planétologiques David JACQUEMART
La spectroscopie haute résolution peut se résumer à l’étude de transitions résolues dans l’espace
des fréquences. Celle-ci sort du cadre habituel des spectroscopies vibrationnelles puisque des
transitions de rotation-vibration résolues sont étudiées par l’intermédiaire d’un profil
d’absorption adapté aux conditions expérimentales. Suivant la gamme spectrale étudiée ou les
conditions expérimentales, la largeur des raies varient et on peut optimiser les conditions de
mesures en jouant sur la résolution de l’appareil. Ainsi suivant que l’on travaille en IR lointain sur
un synchrotron ou dans le proche IR avec des sources classiques, la résolution de l’appareil doit
être adaptée à l’observation. Il s’agira dans ce cours de décrire la modélisation théorique des
transitions entre états de rotation-vibration, mais aussi de présenter l’effet de l’instrument
utilisé sur les mesures de paramètres de raies. Une introduction à l’utilisation des bases de
données raie par raie ainsi qu’aux principales applications atmosphériques ou planétologiques sera
exposée.
Semiconducteurs Robert CARLES
Ce cours est focalisé sur l’utilisation de la spectrométrie Raman pour la caractérisation de
matériaux semiconducteurs (pris ici comme exemples) par une analyse quantitative des effets de
désordre (maclage, amorphisation partielle), d’alliage (composition), de dopage, de confinement
(réduction de taille, de dimensionnalité), de température (Stokes/anti-Stokes) ou de
déformation (contraintes externes ou internes).
Apports de la diffusion Raman de résonance à la détermination des propriétés
optiques et vibrationnelles des nanotubes de carbone Jean-Louis SAUVAJOL
La spectroscopie Raman de résonance est un outil unique qui permet de mesurer les
caractéristiques intrinsèques des phonons et des transitions optiques des nanotubes de carbone
individuels mono-feuillet (SWNT) et double-feuillet (DWNT). Les dépendances des
caractéristiques des phonons et des énergies de transition optiques (excitoniques) en fonction du
diamètre et du caractère semi-conducteur ou métallique des nanotubes sont rappelées et
confrontées à des prédictions théoriques. On insistera sur des résultats récents concernant : (i)
les caractéristiques des excitons déterminées à partir de la mesure des profils d’excitation des
modes Raman, (ii) le rôle de la distance inter tube sur les caractéristiques des phonons des
nanotubes double-feuillet (DWNTs), (iii) l’effet des interférences quantiques sur l’évolution avec
l’énergie d’excitation des intensités relatives des modes Raman.
Spectroscopie PM-IRRAS : principe et applications Thierry BUFFETEAU
La sensibilité de la spectroscopie IRTF peut être considérablement améliorée en modulant la
polarisation du faisceau infrarouge et en enregistrant un signal différentiel normalisé. Cette
spectroscopie différentielle peut être utilisée en réflexion (spectroscopie PM‐IRRAS) pour
caractériser des couches ultraminces déposées sur des surfaces métalliques et déterminer
l’orientation des molécules. L’objet de cet exposé sera de présenter le principe de la spectroscopie
PM‐IRRAS et de montrer comment on peut mesurer le signal PM‐IRRAS. Ensuite, nous verrons qu’une
approche quantitative du signal, associée avec des calculs optiques, permet de remonter à
l’épaisseur des couches et à l’orientation des molécules. Enfin, divers exemples d’application seront
présentés : identification de couches mono‐ ou sub‐moléculaires, suivi de réactions chimiques sur
des surfaces métalliques et SiO2/or …
Dichroïsme Circulaire Vibrationnel : origine, mesure et applications
Thierry BUFFETEAU
La détermination de la configuration et/ou de la conformation absolue d’une molécule chirale est
essentielle dans divers domaines de la chimie (synthèse asymétrique, reconnaissance moléculaire)
mais également de la biochimie (molécules pharmaceutiques, protéines). Nous montrerons, au
cours de cet exposé, que cette détermination peut être réalisée en associant le dichroïsme
circulaire vibrationnel à des calculs de chimie quantiques. L’origine du dichroïsme circulaire
vibrationnel (VCD) et ses particularités par rapport à l’absorption infrarouge conventionnelle
seront présentées au cours de cet exposé. Après avoir défini les grandeurs pertinentes, nous
verrons comment on peut mesurer expérimentalement le signal VCD. Quelques exemples
d’application seront ensuite montrés: détermination de la pureté énantiomérique, de la
configuration et de la conformation absolue d’une molécule chirale, mise en évidence de la
chiralité dans des systèmes moléculaires organisés, détermination de la structure secondaire de
polypeptides ou de protéines.
Etude multispectroscopique de nanotubes de carbone hybrides
Jean-Louis BANTIGNIES
Cette conférence présentera l’étude de la relation entre structure et propriétés de nanotubes
hybrides obtenus par encapsulation d’oligomères conducteurs. L’étude du confinement des
oligomères dans la cavité cylindrique des tubes est étudiée en fonction du diamètre des
nanocontainers. La complémentarité d’études réalisées par spectroscopie infrarouge, diffusion
Raman et diffusion inélastique des neutrons sera présentée. La comparaison des résultats
expérimentaux avec des calculs ab initio permet d’appréhender l’effet de confinement, la
stucture des nanotubes hybrides et les interactions entre molécules confinées et les tubes
Compréhension des mécanismes de corrosion sur le long terme : apport de
l’imagerie Raman Delphine NEFF
L’étude des mécanismes de corrosion sur long terme est primordial dans différents contextes
industriels (nucléaire, pétrolier, génie civil) ou patrimoniaux (monuments historiques, objets
archéologiques et de musées). Dans ces conditions spécifiques d’usage de métaux tels que les
aciers ou les alliages cuivreux, la prédiction du comportement à long terme est nécessaire pour
envisager une durée d’utilisation de plusieurs dizaines à centaines d’années ou une protection
durable contre la dégradation. L’étude des mécanismes de corrosion, et notamment du rôle de la
couche de produits de corrosion formée est alors primordiale. Cette approche se base sur une
description phénoménologique des caractéristiques physico-chimiques de ces couches
hétérogènes à l’échelle du micromètre. Pour cela une approche multi-échelle à l’aide de
techniques d’analyse de morphologie, de composition élémentaire et de structure cristalline est
nécessaire. Dans cette méthodologie l’apport de l’imagerie Raman est indispensable afin de
déterminer les distributions des phases cristallines à l’échelle du micromètre. Le traitement du
grand nombre de jeu de données obtenus afin de couvrir des zones représentatives contenant les
phénomènes d’intérêt nécessite l’utilisation et le développement d’outils de traitement des
données grâce à des techniques multivariées.
Spectroscopie Raman en catalyse hétérogène Stéphane LORIDANT
La spectroscopie Raman permet de suivre les différentes étapes de la vie d’un catalyse
hétérogène à savoir sa préparation généralement par différentes méthodes, son activation, sa
réactivité et sa régénération. Au cours de cet exposé, ces différents domaines d’application
seront abordés à travers des exemples d’études réalisées à l’IRCELYON.
Apports de la spectroscopie Raman à l’étude du diamant – Du cristal à la
nanoparticule Michel MERMOUX
Du fait de l’apparition de nouvelles méthodes de synthèse (CVD, détonation, …), l’étude et
l’exploitation des propriétés exceptionnelles du diamant est un sujet d’actualité. Le diamant est
maintenant disponible sous différentes formes (monocristal, polycristal, nanocristal). Il peut
également être dopé et de ce fait devenir conducteur. Il trouve naturellement des applications
dans des domaines aussi variés que la mécanique, l’électronique de puissance, l’électrochimie, la
biologie, … La spectroscopie Raman est une méthode de caractérisation pertinente pour l’analyse
de tous ces matériaux. Nous illustrerons ici les apports et limitations de cette technique pour
l’analyse du diamant.
Spectroscopie très basse fréquence entre Raman et Brillouin
Jérémie MARGUERITAT
La spectroscopie très basse fréquence (quelques GHz ~ 0.3 cm-1) s’intéresse principalement aux
ondes acoustiques délocalisées dans un solide (Brillouin : phonons acoustiques) permettant de
sonder les propriétés mécaniques de la matière à l’échelle de plusieurs centaines de nanomètres,
tandis que le Raman (phonons optiques) à plus haute fréquence (> 100 cm-1 ~ 3000GHz)
s’intéresse aux vibrations des liaisons moléculaires, c’est à dire à une échelle nanométrique.
Lorsque la taille des objets sondés est inférieure à la demi-période de la longueur d’onde mais
supérieur au nanomètre, de nouveaux modes de vibrations apparaissent. Ce sont des modes de
vibrations acoustiques des nano-objets dans leur ensemble induit par le confinement des ondes
acoustiques dont les fréquences sont inversement proportionnelles aux dimensions de l’objet
étudié. Dans cet exposé nous présenterons plus en détail ces modes entre Raman et Brillouin au
travers de deux exemples, la vibration d’un dimer unique d’or et la vibration de nano-plaquettes
de semi-conducteurs.
Mesures aux bas nombres d’onde : intérêts & applications
Philippe COLOMBAN
Avec les spectromètres « modernes » à simple étage et filtres, le domaine des bas nombres
d’onde, en dessous de 150 cm-1 n’était pas accessible et son étude nécessitait des instruments
sophistiqués, spectromètres Raman multi-étages, interféromètres ou spectromètres
neutroniques. Ce domaine est pourtant particulièrement intéressant pour comprendre les
transitions de phases, le désordre dynamique et statique (verres et polymères), les structures
lamellaires et/ou à base d’atomes lourds, les nanoparticules, etc. L’arrivée des filtres à haute
résolution (ULF) permet de combiner sensibilité et résolution et rend plus facile la mesure. Des
exemples choisis parmi une variété de matériaux (électrolytes, polymères, nanomatériaux,…), en
particulier sous contrainte ou champ électrique, illustreront ce qu’apporte ce domaine à la
compréhension des propriétés électriques ou mécaniques.
Analyse sur site des objets et matériaux du Patrimoine
Philippe COLOMBAN
La transportabilité et la miniaturisation des dispositifs Raman (et infrarouge) permet de
travailler sur site, avec une source de courant (prise ou générateur), certains petits dispositifs
étant même sur batterie. Au travers de différents exemples (peintures rupestres, peintures
anciennes ou contemporaines, verres et céramiques émaillés, bronzes, ….) les procédures
particulières à l’usage de ces instruments seront explicitées et les avantages, inconvénients et
perspectives d’évolution de ce type de mesures discutés.
Mécanique des Verres Christine MARTINET
Le verre est un matériau amorphe, fragile à l’échelle macroscopique et il présente des
déformations plastiques à l’échelle microscopique. Pour mieux comprendre l’origine de cette
plasticité et les changements structuraux qui l’accompagnent, il faut être capable de sonder le
matériau à l’échelle du micron. La spectroscopie vibrationnelle est une des techniques de mesure
utilisée permettant de déduire des évolutions structurales et une densité locale suite à de fortes
sollicitations mécaniques. L’exposé détaillera les différentes techniques mises en oeuvre pour
réaliser de fortes contraintes mécaniques sur les verres (très haute pression, micro-indentation,
compression uniaxiale) et les analyses qui peuvent en être faites suite à des mesures par microspectroscopies
Raman et Brillouin.
Raman et conditions particulières : très hautes températures, pressions
négatives Patrick SIMON
La spectroscopie Raman se prête facilement à des mesures à température variable. Pour les
températures au- dessus de l'ambiante, une difficulté provient de l'émission thermique, qui
masque rapidement le signal Raman de l'échantillon, dès quelques centaines de °C. Les moyens de
limiter l'effet de l'émission thermique sur le spectre seront présentés et discutés, et tout
particulièrement la résolution temporelle, à l'échelle de la nanoseconde. On peut ainsi obtenir des
données Raman jusqu'à plus de 2000°C et accéder à la gamme des températures de fusion des
oxydes réfractaires. Enfin, et à la suite du cours de Christine Martinet, on abordera le cas de
pressions fluides : hautes pressions en autoclave (pressions moins élevées que celles traitées
dans le cours de Christine Martinet sur des solides), à des températures plus proches de
l'ambiante, ainsi que le cas d'inclusions fluides, qui peuvent présenter des états exotiques de
liquides en tension (pressions négatives).
Chimiométrie : la méthode MCR-ALS pour l’exploration des données
spectrales Ludovic DUPONCHEL
Cette présentation est centrée sur une des méthodes chimiométriques les plus prometteuses
pour l’exploration de données spectrales à savoir la résolution multivariée de courbes
(Multivariate Curve Resolution). Il est ainsi possible à partir d’un ensemble de spectres décrivant
un système complexe, d’extraire sans a priori sur ce dernier l’ensemble des spectres des
composés purs et leurs contributions relatives au sein de chaque mélange. Couplée à d’autres
concepts chimiométriques comme la « super-résolution », nous pouvons même dans certaines
conditions repousser les limites de nos instrumentations spectroscopiques. Afin de présenter le
potentiel de cette méthode de résolution multivariée de courbes et sa grande adaptabilité, nous
explorerons des structures de données différentes issues de trois expériences ayant pour but 1)
de sonder la couche d’hydratation de molécules en spectroscopie Térahertz, 2) de caractériser
une cellule cancéreuse unique en imagerie infrarouge sur ligne synchrotron, 3) de suivre des
transformations polymorphiques d’un produit pharmaceutique en imagerie Raman.
Notions de méthodes de référence par rapport au développement de
méthodes NIR Mélanie JULIEN - Jean GUILMENT
Les méthodes quantitatives basées sur la spectroscopie vibrationnelle et plus spécifiquement le
proche Infrarouge permettent d’obtenir des résultats rapides et précis at-line ou on-line. On
peut ainsi remplacer des techniques lourdes en termes de maintenance, dangerosité ou
préparation d’échantillons par la mesure d’un spectre proche infrarouge qui peut se faire
directement et sans préparation sur un prélèvement d’échantillon ou directement en ligne.
Cependant, dans le cadre du développement de ces méthodes quantitatives, il faut considérer une
limitation importante qui est, en fait, la méthode de référence. La limitation peut être de
plusieurs ordres. En effet, dans tous les cas, les méthodes sont basées sur des corrélations avec
les résultats obtenus par la méthode de référence :
- Les résultats sont donc limités en précision par celle de la méthode de référence,
- Il est nécessaire d’avoir un nombre important d’échantillons témoins pour avoir une bonne
statistique (loi des grands nombres, étendue de la gamme de variation, etc …). Ceci
implique soit un coût important (Par ex. si la méthode de référence est la RMN), soit la
nécessité de passer par une méthode intermédiaire plus rapide mais qui peut induire une
variation supplémentaire (Par ex. une méthode de référence par FTIR).
- Il est nécessaire d’avoir des échantillons hors spécifications industrielles.
Ces différents points seront illustrés par des exemples concrets.
Multi-spectroscopies en conditions extrêmes : du laboratoire vers le terrain
Guillaume GUIMBRETIERE
L’objectif de ce cours d’illustration est de prendre conscience des différentes échelles spatiales
et temporelles accessibles grâce à l’utilisation des spectroscopies vibrationnelles. Tout d’abord
d’une technique à l’autre, en discutant des résultats de mesures Brillouin, Synchrotron IXS,
Raman polarisé, IR et hyper-Raman polarisé appliquées à l’étude de l’ordre dynamique dans les
verres. Le second aspect concerne les développements instrumentaux récents permettant
l’observation de phénomènes rapides en temps réels par la mise en place de mesures in situ au
laboratoire ou sur le terrain. Nous discuterons alors l’étude Raman des processus d’altération du
dioxyde d’uranium sous irradiation et la caractérisation de phases minérales volcaniques
secondaires.
Hyphenation (Couplages), ce qu'ils peuvent faire pour vous
Stéphane LE BRAS
Les différentes approches de couplages seront abordées ainsi que les préparations des
échantillons qu'elles impliquent: vrai couplage en ligne (GC-IR,ATG-IR,etc), couplage
fonctionnel(SEM-Raman, XPS-Raman), couplage manuel(RMN + Raman, Raman + PA-IR). Les
difficultés de mise en oeuvre et de traitement des données seront indiquées. De nombreux
exemples seront présentés concernant la restauration des oeuvres d'art, l'analyse de matériaux,
la caractérisation d'échantillons hétérogènes, la traduction à l'échelle moléculaire de contraintes
exercées sur les échantillons. La conclusion portera sur les nouveaux modes de pensée
nécessaires à la compréhension de ces informations riches et complexes
Le graphène Matthieu PAILLET
La spectroscopie Raman est reconnue comme un outil essentiel de caractérisation et d’étude du
Graphène. Nous détaillerons les réponses Raman de graphène mono, double, triple…multi feuillets.
Nous insisterons sur la sensibilité extrême de ces réponses aux effets environnementaux
(substrat, dopage accidentel, contraintes). Nous identifierons des critères Raman de
caractérisation du graphène et discuterons les limites de leur utilisation.